La fourbure chez le cheval : quelles causes, quels effets, quels remèdes ?

Chaque jargon a ses mots. Comme toujours, il y a les vocables qui plaisent d’un côté et ceux qu’on redoute de l’autre. Le dictionnaire de l’équitation n’échappe pas à ce clivage.

À l’écurie, à la lettre F comme Firfol, il y a le « flehmen » qui nous enchante. C’est le côté joyeux. Mais il y a aussi la « fourbure », insidieuse, capable de nous flanquer une foutue peur. Cette pathologie du sabot peut en effet avoir des conséquences redoutables.

Quand la fourbure dépasse un certain cap, la locomotion du cheval est remise en question. D’où les trois interrogations soulevées dans le blog de Firfol : quelles causes, quels effets, quels remèdes ?

La fourbure chez le cheval, c’est quoi exactement ?

L’adjectif « fourbu » a deux définitions distinctes, selon qu’il s’applique à un être humain ou à un animal, et cela prête parfois à confusion.

Du côté des hommes, « fourbu » signifie simplement « fatigué », « harassé », « épuisé ». Résumons : éreinté, sur les rotules.

Mais du côté des animaux et de notre ami cheval en particulier, qu’il soit Irish Cob comme dans le troupeau de Firfol ou d’une autre famille, l’adjectif « fourbu » indique que le sujet est atteint d’une « fourbure ».

C’est donc vers la définition de ce substantif qu’il faut plonger pour prendre la pleine mesure de la situation, et ça nous emmène plus bas que les rotules. Le Larousse : « congestion et inflammation du pied des ongulés et surtout du cheval, provenant d’une fatigue excessive ou de complications de maladies infectieuses et qui provoque une boiterie ».

Et quand on parle du pied des ongulés, il est évidemment question des sabots.

Quelques explications médicales

Le nom scientifique de la fourbure, c’est la pododermatite aseptique diffuse.

Pour mieux cerner cette pathologie, nous avons questionné le Docteur Gabrielle Delchevalrie, Vétérinaire, qui s’apprête à rejoindre la Normandie. Elle nous invite avant tout à ne pas faire un amalgame simpliste qu’elle rencontre trop souvent : « cheval gros = fourbure ».

Dans la foulée, elle précise que la fourbure est une inflammation d’une partie du précise du pied, à savoir les tissus qui sont situés entre la 3ème phalange et la boîte cornée. Cette inflammation – qui s’accompagne d’une perturbation de la circulation sanguine – résulte d’une production de toxines.

Ces toxines vont induire la nécrose des tissus logés entre la phalange et la paroi du sabot, connus sous le nom de « lamelles ». À plus ou moins long terme, la dégradation peut provoquer un décollement de la troisième phalange au pied de chair. On assiste alors à un basculement de la troisième phalange qui peut venir perforer la sole en pince.

Le terme « aseptique » vient du fait que les toxines vont induire la formation d’un liquide issu de la nécrose, qui s’apparente au pus, mais celui-ci ne provient pas d’une prolifération bactérienne.

Quelles sont les causes et les signes de fourbure chez le cheval ?

Gabrielle poursuit en indiquant que les causes de la fourbure sont diverses et peuvent être synergiques. Mais ce qui unit ces causes, c’est qu’elles vont toutes produire les toxines évoquées ci-dessus.

Il y a bien sûr l’alimentation trop riche, mais également le stress, les pathologies métaboliques (syndrome métabolique, Cushing), des phénomènes septiques importants (type grosses diarrhées bactériennes), mais également le résultat potentiel de traitements induits, comme une forte dose de corticoïdes, par exemple.

Le problème est complexe.

Les signes cliniques sont assez caractéristiques en cas de crise : le cheval est dit “sous lui du derrière”, c’est à dire qu’il vient placer les membres antérieurs en protraction (en extension, vers l’avant). Il reporte ainsi les pressions vers l’arrière du pied, de sorte à en soulager l’avant, qui est généralement la partie la plus douloureuse.

Les membres postérieurs viennent également sous la masse, puisque le centre de gravité du cheval est déplacé du fait de la position des antérieurs, plus souvent atteints.

Notre amie vétérinaire nous révèle une observation récurrente : le cheval qui souffre d’une fourbure marche sur des œufs et rechigne à se déplacer. Il peut manquer d’appétit, être abattu et avoir de la température, selon la gravité du processus inflammatoire. Un autre symptôme : les pieds sont chauds.

Que ce soit après une session en attelage, un exercice de voltige, une séquence de saut ou une leçon d’équitation éthologique, à Firfol comme ailleurs, un meneur ou un cavalier doit toujours s’inquiéter s’il observe une chaleur anormale au niveau des sabots de son cheval.

Allo docteur, que faire pour soulager notre cheval ?

La réponse est claire : traitements médicamenteux. Il faut mettre l’animal sous anti douleurs et anti inflammatoires. On peut également placer le cheval sous aspirine un cours temps pour avoir un effet fluidifiant du sang, bénéfique pour soulager les pressions dans le pied.

On peut également appliquer du froid pour diminuer la réaction inflammatoire et, enfin, offrir un soutien de fourchette au niveau du pied pour soulager les pressions en pince, et sur toute la longueur de la muraille.

Côté maréchalerie, Gabrielle précise qu’il faut attendre que la crise soit passée (plus d’inflammation dans le pied) avant de mettre en place une ferrure orthopédique. Généralement, on conseille un fer en cœur ou à l’envers, avec une plaque de silicone pour venir encore soutenir la fourchette et avoir une bascule du pied, toujours pour en soulager la partie antérieure.

Dans la foulée, notre amie vétérinaire insiste sur le management attentif de l’alimentation et de l’environnement : il faut tout contrôler avec une attention redoublée pour éviter toute récidive. Car au plus le cheval fait de crises, au plus la situation se complique, du fait de la dégradation des tissus et de la bascule de la troisième phalange.

Une dernière question pour les amateurs de médecine douce, puisque le blog de Firfol vous proposera prochainement un topo-bobo-phyto. Quels sont les effets éventuels de la phytothérapie en cas de fourbure ?

Gabrielle souligne le bon côté des principes drainants et les bienfaits des plantes qui ont des propriétés anti oxydantes. Elles vont favoriser l’élimination des toxines et la fluidité du sang, comme l’ortie par exemple.

Au moindre doute, demandez conseil à votre véto !

Fort de ces informations, vous aurez compris que la fourbure n’est pas une maladie bénigne et anodine. Si vous êtes l’heureux propriétaire d’un équidé – que ce soit un âne, une mule, un poney ou un cheval – et que vous suspectez une fourbure, il n’y a qu’un seul et bon réflexe à avoir : contactez votre véto et appliquez ses conseils au plus vite !

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